Regarde Les Hommes Tomber – Interview de Jean-Jérôme – 2015

Bonjour Jean-Jérome, Regarde Les Hommes Tomber est un groupe reconnu bien au delà de l’hexagone désormais. Mais à quel moment vous êtes­-vous dit « les gars on s’y met à fond !  » ? Quel a été le facteur déclencheur ?

JJS : Salut! A la base, j’ai commencé à travailler seul sur les morceaux du premier album. Je n’avais pas d’objectifs précis à ce moment. C’est quand j’ai fait écouter ceux-ci à mes camarades, qui par la suite ont intégré le groupe, que j’ai pris conscience du potentiel. Ils furent tout de suite très enthousiastes. Nous n’étions pas hyper assidus au niveau des répètes les premiers mois puis nous avons décidé d’enregistrer deux titres instrumentaux pour les faire tourner sur le net. Les retours ont été très positifs et c’est là qu’on s’est dit qu’il fallait développer le truc. On a commencé à travailler sur du merchandising, à chercher un chanteur, à répéter deux à trois fois par semaine, à programmer l’enregistrement d’un album. Dans la foulée, nous avons fait notre premier concert à Nantes, soirée à laquelle Gérald des acteurs de l’ombre était présent. Après, tout s’est enchainé très vite : la signature sur le label, l’enregistrement du premier album et les nombreux concerts…

 

Quelle a été votre réaction suite aux chroniques sur Exile ? Le vivez­-vous de la même manière que pour le premier album ?

JJS : Sur le premier album, nous ne savions pas à quoi nous attendre. Les excellents retours ont été une belle surprise pour nous. Nous ne pensions pas atteindre aussi rapidement ce niveau de notoriété en France. Du coup, ça a été plus compliqué pour Exile. Nous étions considérés comme un groupe prometteur et tout le monde attendait une confirmation pour le second album. Même si pour nous, nous sommes encore un petit groupe de l’hexagone, on s’est mis beaucoup de pression pour sortir le meilleur album possible. On y a consacré énormément de temps et de moyen. Et aujourd’hui, c’est un très grand soulagement de voir qu’il est encore mieux accueilli que le premier. Les chroniques sont élogieuses, soulignent les évolutions positives et la qualité du travail fourni.

 

 

Est-­ce que le changement de frontman a joué un rôle important dans l’évolution qu’est Exile par rapport à votre album précédent ?

JJS : Ulrich, notre ancien chanteur, nous a beaucoup apporté au niveau de la rigueur et du professionnalisme. Sa voix se mariait parfaitement à notre musique. Mais, il n’est pas intervenu sur la composition de l’album et sur sa thématique. Il n’était pas non plus l’auteur des lyrics. L’arrivée de Thomas a été un grand bol d’air pour nous et nous a totalement reboosté après le départ d’Ulrich. Humainement, c’est le jour et la nuit. Il est beaucoup plus agréable de travailler avec Thomas. Son implication est totale, et dès le début, il s’est entièrement dévoué au groupe. Lui aussi n’est que très peu intervenu dans la composition de la musique et des lyrics mais sa voix complétement possédée a fortement appuyé l’orientation black du second album. Il habite totalement l’album et il s’est parfaitement transposé dans notre univers pour lui donner vie. Ses prestations live nous ont également entièrement satisfaites. Très présent face au public et très charismatique, il marque vraiment les esprits.

 

Vous avez choisi de vous inspirer de textes bibliques pour vos morceaux, mais aussi dans vos pochettes. Pourquoi ?

JJS : Nous avons une démarche globale. La musique, les textes et l’image doivent former un ensemble cohérent. Lorsque nous nous sommes mis d’accord sur le nom du groupe, nous avons décidé de sortir un album concept et que ce concept nous suivrait sur tous les albums à venir : Regarde Les Hommes Tomber. Et quoi de mieux que les textes et les histoires issus de la Bible et de l’ancien testament pour illustrer les errances de l’humanité, le cycle des civilisations, l’opposition éternelle entre les Hommes et Dieu, la chute, la renaissance, la quête de pouvoir et l’autodestruction qui s’en suit. Les artistes qui ont illustré la Bible et ses histoires sont nombreux. C’était donc naturel pour nous de piocher dans l’univers de Gustave Doré ou John Martin.

 

Vous jouez aussi bien dans une obscurité totale qu’en plein jour. Adaptez vous votre set aux conditions dans lesquelles vous jouez ? Vous sentez vous à l’aise sur une scène de festival ou bien dans une petite salle ?

JJS : Bien que notre musique soit sombre et désespérée, elle reste très énergique et dynamique. Raison pour laquelle elle passe aussi bien de jour que de nuit. Lorsque nous avons joué au Hellfest et au Motocultor en 2013, nous avons joué le matin, en plein jour. Nous n’avions pas nos light habituelles pour créer une ambiance feutrée, alors nous avons accès le set sur l’énergie. Tout s’est très bien passé. Nous préférons cependant jouer dans des petits club, là où notre musique prend toute sa dimension. Ces lieux sont sombres, feutrés. Ce sont des endroits idéals pour retranscrire parfaitement l’univers de notre musique. Au final, nous avons encore fait peu de grande scène, mais nous avons fait des résidences pour s’y préparer.

 

Quel a été votre pire concert ? Et votre meilleur ?

JJS : Je n’ai pas souvenir d’un concert catastrophique. Bien sûr, il y a eu des prestations où quoi qu’on fasse, rien n’allez comme on voulait. Le genre de concert important qui nous stressent. Des soirs où nous n’arrivons pas à rentrer dans notre univers. Mais nous ne nous sommes jamais complétement vautrés. Quant aux meilleur concerts, difficile à dire. Chaque membre du groupe te donnera une date différente. Personnellement, j’ai eu de très bonnes sensations lors de notre concert au Motocultor en 2013. Les dates récentes avec Thomas, ont également été très bonnes.

 

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Le 19 Septembre dernier, vous présentiez vos nouvelles compositions, au Ferrailleur, lors de la Black Metal Night II, organisée par Les Acteurs de l’Ombre. Pourquoi avoir choisi ce label ? Que pensez­-vous des dernières productions de Moonreich, Déluge et Maïeutiste?

JJS : Gérald, le boss du label Les Acteurs De L’ombre, nous a suivi dès le début. Il nous a proposé un deal dès notre premier concert. Entièrement satisfait par l’énorme travail qu’il a fait pour nous en termes de promotion, nous n’avons jamais essayé d’aller voir ailleurs. Participer aux soirées Black Metal Night et leur réserver notre premier concert de présentation d’Exile est donc un juste retour des choses. Concernant, les autres groupes du line up, il faut savoir que Gérald a toujours signé des groupes de qualité chez LADLO (Les Acteurs De L’Ombre). Je pense notamment à The Great Old Ones avec qui nous avons pas mal tourné et avec qui nous sommes devenus bons potes. J’apprécie vraiment leur musique. Leur second album est excellent. Je connaissais également bien Moonreich car nous avons fait quelques dates avec eux. Weddir est un excellent compositeur et l’évolution sur son nouvel album est vraiment bonne. J’ai plaisir à l’écouter. Par contre, je ne connaissais pas du tout Déluge et Maïeutiste. Gérald m’a très gentiment offert leurs albums, ainsi que celui de Moonreich d’ailleurs. J’ai vraiment été soufflé par la qualité des compos de Maïeutiste. Très technique, très inspiré, ils ont vraiment créé leur univers à eux. C’est impressionnant. Le Déluge est plus facile d’accès. Personnellement, j’adore. Très mélancolique, triste, fataliste, leur musique me touche vraiment.

 

Comment vous définissez­-vous dans la scène Metal actuelle ? Quelles sont vos influences principales ?

JJS : C’est dur de suivre l’évolution de la scène Metal actuelle car elle est très dynamique. Tous les jours, il y a des nouveaux groupes qui sortent, des dizaines de chroniques sur les webzines. C’est vraiment florissant. C’est un monde en ébullition. Ce n’est pas évident de trouver sa place au milieu de cette forêt. Du coup, on essaye d’avoir notre son à nous pour sortir du lot. Les chroniqueurs définissent notre musique comme du Post Black Metal Sludge. Nous, on essaie simplement de travailler au maximum nos ambiances pour créer notre univers à nous. Ça semble réussir, car sur Exile, nos influences sont moins criantes que sur le premier album, pour lequel nous étions souvent assimilés à tel ou tel groupe. Après, mes influences restent les mêmes que sur le premier album : Neurosis, Envy, Amenra, Cult Of Luna, Emperor, Dissection, Sigur Ros, Mono, etc… Cependant, la composition de Exile a été différente que sur le premier. Antoine (guitare) et Romain (Batterie) ont eu une grosse influence sur l’orientation musicale, ce qui le rend plus black, plus profond, plus torturé et parfois plus mélodique. En tous les cas, on essaie de rester alerte sur tout ce qui sort aujourd’hui car on est des passionnés et on adore découvrir des nouveaux groupes. Le truc qui nous a le plus marqué récemment, c’est le nouvel album de Mgla, Exercises In Futility. Incroyable !

 

Que pensez-vous de la scène Française ?

JJS : Je pense que la scène française est vraiment de qualité. Nous sommes en train de rattraper le retard que nous avions sur les pays anglo-saxons et scandinaves. C’est aussi dû, je pense, à une évolution des mentalités au sujet du Metal dans notre pays. Il y a une meilleure audience pour cette musique et une meilleure tolérance. Pour peu qu’on s’en donne la peine et les moyens, il y a plus possibilité qu’avant de développer un groupe. Ce qui fait qu’aujourd’hui la scène française est florissante. Elle commence aussi à avoir une excellente réputation à l’étranger. Au-delà des groupes historiques comme Magma, Gojira, Deathspell Omega, Blut Aus Nort ou Alcest, les groupes français s’exportent mieux d’avant. Gageons que les choses continuent à évoluer dans ce sens. Mais personnellement, ce n’est pas un groupe de Metal français qui m’a marqué récemment, mais un groupe d’éléctro : Carpenter Brut. Vraiment excellent et à découvrir d’urgence. C’est ce qui se fait de mieux en France à l’heure actuelle.

 

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Que faites-vous en dehors de la scène ? Un travail, une passion ?

JJS : Nous sommes des gens tout à fait normaux ! On a tous un boulot mais notre seule passion, c’est la musique. On essaye de partager au mieux notre temps entre les deux, nos familles, nos amis. Mais après un enchainement de quelques dates, c’est important pour de nous de savoir que le Lundi, à 9h on retourne au boulot. Ça fait tout de suite redescendre les pieds sur terre et c’est très bien comme ça ! haha ! La musique reste un plaisir pour nous. On a parfaitement conscience qu’on n’en vivra jamais.

 

Merci pour vos réponses! Avez vous un message pour vos fans ?

JJS : Merci pour le soutien et à bientôt !

 

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